La Croix du Gué au Saut

Un sondage préalable au pied du calvaire avait permis de suspecter un texte gravé dissimulé dans le sol. Les commanditaires de cette croix étant inconnus, tout autant que la raison de son édification, celui-ci pouvait lever le mystère.

Une fouille est donc organisée le 27 juillet 2019, avec l’accord de la mairie de Varvinay, par Denis Mellinger avec six autres membres de l’association « A.P.M. » (Sabine et Andréa Tilcz, Cédric Bousselet, Arnaud Mathieu, Jacques Piquet, Grégory Wilmet et Michel Reeb) ainsi que deux invitées (Vivathana et Arlette Diot).

Situation :

Comme le montre la carte ci-dessous, la croix se trouve sur la commune de Varvinay, au bord de la D 162, face à l’ancienne voie romaine qui reliait Hattonchâtel à Saint-Mihiel. La croix s’appelle ainsi car elle est située sur la rive gauche du ruisseau de la Creuë qui était franchissable au gué se trouvant au pied de la butte de Chatillon. Il n’est toutefois pas certain que ce soit son emplacement d’origine.

Sa base est en partie enfouie suite aux différents travaux d’enrobage de la route qui passe devant.

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Photo : Denis Mellinger

Description :

La croix a été réalisée avec de la pierre provenant probablement de la carrière toute proche de Senonville. Elle se compose d’une base rectangulaire gravée surmontée d’un entablement puis d’un fût carré aminci à son extrémité, chanfreiné sur les bords à taille interrompue. Sa partie supérieure est moulurée sur les quatre côtés.

Le Christ, dont les jambes fléchies sont ajourées, est de facture un peu frustre, il est néanmoins bien conservé. On note qu’il a été taillé d’une seule pièce avec la croix qui le supporte.

Opérations de fouille:

En premier lieu, le site est débroussaillé, puis la croix est solidement arrimée par sécurité.

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Ensuite, commence le décaissement manuel du sol au pied de l’édifice, sous l’entablement.

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Le cartouche entièrement dégagé laisse apparaître une épitaphe dont la date est malheureusement impactée par un éclat d’obus.

Le calage en façade est également mis au jour. Il est composé essentiellement de fragments de tuiles avec quelques pierres en basalte apportées par les troupes allemandes cantonnant sur le secteur. Il est donc largement postérieur à l’édification de la croix actuellement penchée car dénuée de fondations.

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Texte de l’épitaphe :

L’AN 1..7 CET CroIX A

ETE ERIGEE PAR BARBE

COLIGNION VEUVE DE

DO.QE LEGLISE

Interprétation :

Barbe COLLIGNON : née le 25 octobre 1735, décédée le 7 mai 1823 à Varvinay, sage-femme de profession. Mariée le 9 février 1768 à Dominique Leglise dans ce même village.

Dominique LEGLISE : né en 1735 à Senonville de Jacques Léglise et Barbe Lévêque, décédé le 1er octobre 1803 à Varvinay, carrier de profession.

De leur union, sont nés cinq enfants : Marie-Jeanne, Marguerite, Jeanne, Jean et Jean-François.

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Selon ces renseignements, il ne resterait donc que deux possibilités pour l’année d’érection de cette croix : 1807 ou 1817.

Documents d’archives : Acte de mariage de Barbe et Dominique Léglise :

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Acte de décès de Dominique Léglise :

acte deces Dominique An XII (2).jpg

Intérêt de la découverte :

Deux personnalités locales du XVIIIè siècle et leur famille sont mises en valeur par cette « fouille ». Elles témoignent que l’extraction de la pierre était bien l’activité principale du secteur à cette époque dans les carrières de Varvinay et Senonville.

Dominique Léglise, comme bon nombre d’habitants de ces villages, y a certainement travaillé en son temps. Après son décès, son épouse a tenu à lui rendre hommage en faisant ériger cette croix afin d’assurer sa postérité.

 

Sources : Archives départementales et www.geneanet.org

Crédit photos : Sabine Tilcz

 

Rapport rédigé le 29 sept. 2019 par Denis Mellinger et Michel Reeb.