Occupation du territoire meusien à cette période
Comment se faire une idée de la nature de l’occupation du territoire meusien à cette période ?
Il y a certes les témoignages des auteurs grecs et romains mais ce sont les découvertes archéologiques qui font progresser les connaissances. Elles sont parcellaires au XIXe et début XXe siècle, souvent sous la forme de découvertes isolées à Ligny-en-Barrois (un torque et deux bracelets), à Étain (une fibule à arbalète), à Lacroix-sur-Meuse (un torque en bronze et une paire de fibules en bronze reliées par une chaînette), à Naix-aux-Forges (un bracelet en bronze à nodosités), à Nançois-sur-Ornain, Trémont-sur-Saulx, Boviolles…
Ce sont les découvertes et les recherches menées au cours du XXe siècle qui ont permis de préciser certaines des caractéristiques de cette période. Les habitats (villages ou fermes) de la phase ancienne de l’âge du Fer sont souvent situés dans des fonds de vallée à proximité des cours d’eau comme à Trémont-sur-Saulx. À la phase finale par contre, l’habitat se fixe sur des hauteurs plus faciles à défendre, sous la forme d’oppidums qui sont des sites fortifiés dont « le Chaté » de Boviolles. Parmi les sépultures, on distingue les tumulus qui contiennent des incinérations du premier âge du Fer, comme ceux découverts en forêt d’Argonne à Montzéville, à Neuvilly et à Récicourt. Tandis qu’au second âge du Fer (la Tène), les sépultures, généralement regroupées en nécropoles, ne sont pas placées sous des tertres : « Les corps, comme le précise Ch. Guillaume, sont inhumés avec leurs bijoux, des offrandes et de la vaisselle (Nançois sur Ornain). »
Bracelet en bronze à nodosités de l’âge du fer (Hallstatt) trouvé dans une sépulture à incinération à Pillon (Meuse) au XIXe siècle. Verdun, musée de la Princerie, © Laboratoire d’Archéologie des Métaux.
Les diagnostics et les fouilles archéologiques réalisés par l’INRAP depuis les années 2000 sont, compte tenu du nombre de sites découverts, un véritable accélérateur pour la recherche qui progresse dans la connaissance de la protohistoire notamment. Ainsi, sur le tracé de la ligne TGV à Lacroix-sur-Meuse, la découverte et la fouille d’une nécropole (entre le VIe et Ve av. J.C.) dans un contexte archéologique riche (découverte fortuite du début XIXe siècle et prospection aérienne) a permis de mettre au jour des tumulus arasés et 17 enclos funéraires contenant une ou plusieurs sépultures. Sur le plan des pratiques funéraires, « trente-huit individus ont été inhumés et un nombre plus restreint de dix-neuf tombes à incinération ont été dénombrées » selon l’auteur du rapport publié en 2006. Des offrandes carnées (morceaux de mouton, chèvre ou cochon), des objets en bronze (torques, bracelets, fibules, anneaux de cheville) et en fer (dague, pince à épiler, anneaux, agrafes de ceinture) accompagnaient les défunts.
Dominique Henry